Le Président de la République son Excellence Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a prononcé, lundi, à Abidjan, un important discours à la quinzième session de la Conférence des Parties (COP15) de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD).
Il a fait observer que les données actuelles indiquent que la dégradation des terres a atteint des proportions alarmantes à travers le monde, précisant que cette situation rend les économies plus vulnérables, hypothèque la sécurité alimentaire et affaiblit la résilience des populations.
Son Excellence a indiqué, dans ce cadre, que la Grande Muraille Verte constitue un programme phare qui vise à remettre 100 millions d’hectares de terres dégradées dans le circuit de production, et lancé ici un appel aux partenaires de la Grande Muraille Verte, pour examiner avec les États membres de l’initiative, les moyens d’accélérer la mise en œuvre du programme de terrain.
Voici le texte intégral de ce discours :
Excellence Monsieur le Président et cher frère Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire ;
Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’état et de Gouvernement ;
Excellence Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine ;
Excellence Monsieur Abdullah Shahid, Président de 76e Session de l’Assemblée Générale des Nations-Unies ;
Excellence Mme Amina Mohammed Vice-Secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies et Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable ;
Excellences, Mesdames et Messieurs ;
Je voudrais, tout d’abord, présenter mes condoléances au Président Alassane Ouattara et au peuple de Côte d’Ivoire suite au décès du Président de l’Assemblée nationale ivoirienne Monsieur Amadou Soumahoro et remercier mon frère et ami Son Excellence Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, pour la chaleur de l’accueil et l’hospitalité généreuse et saluer la qualité des relations de coopération d’amitié et de fraternité qui unissent nos deux États et nos deux peuples frères.
Tout comme je salue mon compatriote le Secrétaire Exécutif son excellence Ibrahim Thiaw et le félicite pour l’excellente organisation de cette 15e session de la conférence des Parties à la Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la désertification.
Excellences, Mesdames et Messieurs ;
Les données disponibles indiquent que la dégradation des terres a atteint des proportions alarmantes à travers le monde : jusqu’à deux hectares sur cinq sont déjà dégradés.
A moins de renverser cette tendance, l’humanité risque de dégrader, d’ici 2050, l’équivalent de la superficie de l’Amérique du Sud. La dégradation des terres rend nos économies plus vulnérables, hypothèque notre sécurité alimentaire, affaiblit la résilience de nos populations. Elle menace la moitié de l’économie mondiale et un habitant sur deux sur terre en est déjà affecté.
Les femmes et les enfants payent un prix encore plus lourd lié à cette dégradation des terres.
Amplifiés par le dérèglement climatique et les effets du Covid19, les conséquences de la dégradation des terres et des pertes de production agricole prennent une dimension jamais observée auparavant dans le monde.
Excellences, Mesdames et Messieurs ;
La sécheresse déstructure les sociétés, amplifie les phénomènes de migration et exacerbe les conflits et les tensions pour l’accès à l’eau et à la terre fertile.
Mon pays, la Mauritanie, à l’instar des pays du Sahel, subit de plein fouet les effets de plusieurs années de sécheresse, entrainant la déforestation et la dégradation des terres. Ainsi la sécheresse a entrainé une perte importante des terres productives, affectant surtout les populations les plus vulnérables et les moins résilientes, notamment les petits producteurs et les petits éleveurs.
Excellence Mesdames et Messieurs ;
Pour alarmante qu’elle soit, cette situation n’est pas une fatalité. Nous pouvons encore reprendre en main notre destin et inverser la situation en travaillant à la restauration des terres dégradées, à la gouvernance des ressources naturelles, en veillant à la formation et à l’information sur la lutte contre la désertification, en œuvrant à la mobilisation des ressources financières pour la mise en œuvre de projets multi-pays de lutte contre la désertification et d’adaptation à la variabilité et au changement climatique.
Dans ce cadre, la Grande Muraille Verte constitue un programme phare qui vise à remettre 100 millions d’hectares de terres dégradées dans le circuit de production, et à promouvoir l’usage expansif de l’énergie solaire en milieu rural pour conserver les aliments et créer des chaines de valeurs locales tout en générant des millions d’emplois verts qui profiteront pour une large part à la jeunesse.
En fixant les jeunes dans leurs terroirs, et surtout en mettant à leur disposition des moyens de production et de création de richesse, nous les protégeons contre les velléités d’immigration irrégulière, et contre les idéologies extrémistes. Nous contribuons également ainsi à la sécurité alimentaire de nos États dont la fragilité a été mise à nue par les récentes crises mondiales.
La Mauritanie est déterminée à assurer une bonne exécution de sa composante nationale. Celle-ci est d’ores et déjà inscrite dans notre plan de relance post-Covid. Et je lance ici un appel aux partenaires de la Grande Muraille Verte, pour examiner avec les États membres de l’initiative, les moyens d’accélérer la mise en œuvre du programme de terrain.
Des procédures efficaces sont à rechercher pour raccourcir les délais et accélérer la mise en œuvre, aussi bien au niveau des États que des partenaires internationaux, si l’on veut atteindre ensemble les objectifs que nous nous sommes fixés pour 2030. Le renforcement de la coopération internationale est aujourd’hui plus que jamais nécessaire.
Nous devons individuellement et collectivement nous investir dans la lutte contre la désertification comme nous ne l’avons jamais fait jusqu’à présent. Non seulement nous devons trouver des solutions plus novatrices mais aussi développer une solidarité plus active.